L'historique

A l'aube des années 70, le Japon est un pays très accueillant pour les groupes de rock européens et, surtout très réceptif. Ainsi Deep Purple y enregistre, en août 1972, son célèbre 'Made in Japan' qui cartonnera aux quatre coins de la planète. C'est, tout naturellement, que Status Quo souhaite y tenter sa chance après la tournée avortée de février 1969. Le genre de musique que produit le groupe semble convenir au public japonais. Pourtant les singles publiés jusque-là n'ont pas rencontré de succès. Mais, scéniquement, les quatre musiciens sont au top. C'est le bon moment. Nous sommes le 23 septembre 1975 et, pour la première fois, Rossi, Parfitt, Lancaster et Coghlan vont fouler une scène japonaise. Ce premier concert se déroule, au Sun Plaza Hall de Tokyo devant 2.000 Japonais déchainés. La tournée prévoit cinq dates s'étalant du 23 au 30 septembre. Elles seront toutes de phénoménaux succès (environ 10.000 spectateurs). Le groupe est pourtant surpris de l'attitude des Japonais. 'Le public japonais fait partie des plus étranges. Ils étaient très polis, assis sur leur siège. Ils sautaient pendant les morceaux mais dès que nous avions terminé, ils se rasseyaient et applaudissaient poliment. Dès que nous entamions le morceau suivant, ils se remettaient debout et ainsi de suite' souligne John Coghlan. Pour l'anecdote, un soir, invités par leur promoteur japonais, tout ce petit monde découvre le saké et ivre, Rick Parfitt, voulant faire le tour du restaurant et en franchissant un petit pont de bois situé à l'intérieur du site, s'étala de tout son long au milieu des poissons exotiques sous le regard ébahi des autres clients. Le Japon est, en outre, le pays des technologies modernes et chacun profite de sa présence sur son sol pour effectuer quelques achats notamment Alan Lancaster qui ramène une véritable moto à son fils.

A l'été 1976, l'album 'Blue for you' est n°1 . Status Quo ne met pas longtemps pour revenir dans le pays du soleil levant puisque le mois de novembre suivant est le théâtre de cinq nouvelles dates données entre le 14 et le 21. Ce seront, globalement, les mêmes salles qui seront utilisées. Le groupe n'aura aucun mal à les remplir notamment, le 17, au Sun Plaza Hall de Tokyo, où devant 2.000 spectateurs et à la demande de sa maison de disques japonaise, Status Quo enregistre un album live intitulé 'Tokyo Quo' exclusivement réservé au marché interne. On ne peut pas dire que Parfitt soit en grande forme, lors de cette représentation. A t-il abusé du saké ? En tous les cas, cette soirée, il oublie de lancer l'intro de 'Roll over lay down' et arrête de jouer sur le solo final de 'Big fat mama' ! Le groupe s'opposera, en vain, à la sortie de cette production jugeant le son trop moyen. Le 19, le concert d'Osaka est également enregistré et donne vit à un bootleg de qualité moyenne. Ces enregistrements témoignent, si besoin en était, de la formidable adhésion du public japonais avec le groupe anglais. Alors comment expliquer que ce tour sera le dernier avant plus de 20 ans. En 1978, une nouvelle visite sera évoquée en juillet, juste antérieure à la tournée australienne. Mais le projet ne se concrétisera pas. L'abandon du territoire japonais demeure un véritable mystère.

Il faudra, donc, attendre le 27 février 1997 pour revoir Status Quo au Japon pour trois concerts (Tokyo et Osaka). C'est la première visite de Status Quo depuis le concert de Nagoya, le 21 novembre 1976, il y a près de vingt et un ans. A l'époque, le groupe rencontrait un réel succès là-bas. Puis, sans raison apparente, la maison de disques décida de cesser toutes sorties de singles. 'Again and again' sera le dernier simple à sortir sous pressage japonais tandis que 'Never too late' sera, lui aussi, zappé. Etant donné que le groupe ne jouera plus dans le pays, les disques ne se vendront plus le dirigeant vers les oubliettes. Pas pour tout le monde car beaucoup de Japonais veulent, en ce mois de février 1997, se rappeler au bon souvenir de la formation. Le groupe est assailli d'interviews et chaque objet se vend comme des petits pains. Surpris par un tel engouement, le management n'aura pas prévu assez de merchandising. Tee-shirts, guitares et autres objets à l'effigie du groupe se seront vendus, en à peine plus d'une demi-heure, le premier soir. Les vendeurs seront au chômage technique pour les autres jours (et autant de perte de chiffre d'affaires pour le management). Pourtant, le 28 février, le concert au Club Quattro de Tokyo est donné dans ce qui est, peut-être, la plus petite salle où a joué le Quo, hors de l'Angleterre (300 places), depuis 1970. Autre anecdote, elle se situe au quatrième étage d'un centre commercial. Le lendemain, à Osaka, Status Quo fait encore plus fort puisqu'il joue au huitième étage d'un autre centre commercial, devant 600 personnes. C'est peut-être l'altitude qui donnera à Francis Rossi d'épouvantables maux de tête qu'il gardera pendant tout le concert. Malgré la petitesse des salles, tout le monde est content de ce retour au Japon. Pourtant, Status Quo n'y retournera plus jamais au cours de ses vingt-sept dernières années d'existence.